29 octobre 2005

Disparition de Raymond Hains

Entre Nice et Paris Raymond Hains est décédé

Work by SAFFAEn cet automne, les feuilles mortes se ramassent à la pelle et les poètes aussi. Quelques jours après Folon, Arman, voici que disparaît Hains un autre membre du club des Nouveaux Réalistes qui n’abritera bientôt plus que des morts. Dix minutes avant sa mort à son domicile parisien Raymond Hains était encore en vie. Né le 9 novembre 1926 à Saint-Brieuc il vivait et travaillait entre Nice et Paris. Venu du lettrisme il a construit une oeuvre complexe en jouant, se jouant, des mots et des images revendiquant un processus de pensée proche du tissage de toile d’araignée. Ce faisant il ne pouvait échapper au Web et au Macintosh et avait réalisé grâce à un procédé informatique une série d'oeuvres imprimées sur tôle : les "Macintoshages", qu’il avait présenté lors d’une exposition à Nice au cours de l'été 2000.
« Raymond Hains m'énerve. Il y a une énigme Hains : sa gloire est surfaite. Qu'un Pansémiotique, qu'un lettriste l'apprécient, je comprends ça mais comment expliquer son succès en Autriche ou en Allemagne où ils ne comprennent pas un mot de français. » a dit de lui cet agité de Ben.
Sans doute mais lorsque vous regardez les panneaux déchirés de Raymond Hains, c’est d’une très grande beauté et l’on a l’impression étrange que c’est actif, que c’est vivant. Une transposition poussée de la réflexion, ou l’inverse, car en plus il ne manquait pas d’humour Raymond. À la fin des années 50 avec Jacques de la Villeglé, ses affiches lacérées préfigurèrent l’art urbain, mouvement qui prit de l’ampleur à partir de Jean-Michel Basquiat. Il devient le héros de beaucoup de jeunes artistes un maître de la pansémiotique, un poète de la rue, un tchacheur, car Raymond est bavard. Était bavard.