La mère Barale nous a quittés le 6 janvier, jour de l’épiphanie, à l’aube de sa quatre-vingt-dixième année. Le parfum des oignons qui compotent n’embaumera plus la rue Beaumont lors de la cérémonie matinale de préparation de la pissaladière qui attirait, et ce n’est pas une exagération marseillaise, des adorateurs venus du monde entier. Toutes les spécialités de la cuisine niçoise étaient défendues et illustrées dans l’antre d'Hélène Barale, au 39 de cette rue du populaire quartier de Riquier. Socca, raviolis, daube, bugues ou tourte de blettes, « tripa a la nissarda », « bagna cauda », « estocaficada » j’en passe et des forcément meilleures, car on trouvait chez la mère Barale le catalogue complet du bien manger à la mode du Comté de Nice. Vous pensez bien qu’elle savait y faire, Hélène, devant son four depuis ses 8 ans, à aider ses parents dans ce bar casse-croûte, alors entouré d’entrepôts, « chez Paulin et Ma ».
Devenue une étoile au temps triomphant du médecinisme de Jacquou, elle n’avait pour autant rien perdu de sa fibre nissarde et traitait selon son humeur clients célèbres et amis inconnus avec la même tendre rudesse.
Si les augures étaient au beau fixe, elle pouvait pousser la cansouneta en s’accompagnant d’un piano mécanique, les salles du restaurant s’étant transformées au cours des années en un musée habité d’objets hétéroclites, balances, moules, alambics, gramophones et pianos mécaniques.
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10 janvier 2006
La disparition d'Hélène Barale
Nice la cuisine niçoise en deuil
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