Sainte Réparate est la patronne du diocèse de Nice et la protectrice de la ville contre les fléaux. Les Niçois célèbrent sa fête tous les 8 octobre au sein de la cathédrale qui lui est dédiée. Ils l'invoquent contre les maladies, les vers des olives ou la sécheresse. Sa légende, transmise de génération en génération, la place au centre de l'un des mythes fondateurs de la cité. Les Niçois racontent que des pêcheurs aperçurent un soir en relevant leurs filets une frêle embarcation dirigée par une colombe. À l'intérieur, ils découvrirent sur un lit de fleurs le corps sans vie d'une jeune fille de quinze ans. L'hagiographie précise qu'elle fut martyrisée à Césarée en Palestine avant d'être abandonnée à ce triste sort. La colombe, guidant la barque, évoque le Saint-Esprit qui confia ainsi aux Niçois la dépouille de la jeune martyre. Une autre tradition relate que ce sont des anges qui ont accompagné la sainte et qui ont ainsi valu le surnom de baie des Anges à la baie niçoise. Une chapelle fut d'abord fondée pour recueillir les reliques de Réparate puis la construction de la cathédrale au même emplacement renforça son culte. En examinant les différents récits relatifs aux saints chrétiens vénérés dans les autres villes du littoral méditerranéen, la légende de sainte Réparate apparaît comme une variante mythologique spécifique à Nice. En effet, elle appartient au vieux fonds culturel commun à toute la région qui comporte, de Gênes au delta du Rhône, plus d'une dizaine de saints venus de la mer.
Non loin de Nice, à Monaco, la dépouille de sainte Dévote arriva de Corse sur une embarcation conduite par une colombe. Quant au corps décapité de saint Tropez, il quitta Pise dans une barque et s'échoua à 300 kilomètres à l'ouest, dans le golfe qui porte dorénavant son nom. Les plus célèbres, les saintes Maries de la Mer débarquèrent près de Marseille et évangélisèrent la Provence. Tous ces récits sont racontés en des lieux occupés jadis par les Grecs et les Romains. La légende de sainte Réparate plonge-t-elle ses racines dans un culte phocéen voire des peuplades celto-ligures ? JM