Idées Week-end : Roquesteron, entre France et Comté de Nice - Le circuit du patrimoine
A 55 kilomètres de Nice, le village de Roquesteron mérite une visite. Bâti de part et d'autre de l'Estéron, la localité est à elle seule une espèce de résumé de l'histoire du Comté de Nice : fief de la puissante famille provençale des Thorame-Glandèves, qui possèdent tout le haut pays niçois aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, elle passe aux incontrôlables Grimaldi de Beuil, avec eux se donne au Comte de Savoie en 1388 et se retrouve à la frontière entre la Provence -puis la France- et le duché de Savoie/royaume de Sardaigne. Au siècle des Lumières, l'invraisemblable tracé de cette frontière va être modifié, pour emprunter le cours de l'Estéron : Roquestéron est désormais coupé en deux, le coeur historique de la rive droite devenant français et les faubourgs plus récents de la rive gauche restant sous souveraineté sarde. Ainsi naît cette bizarrerie administrative : un seul village mais deux communes distinctes. Pendant la Révolution et l'Empire, la commune n'est pas reconstituée et après le rattachement définitif du Comté de Nice à la France en 1860, elle reste coupée en deux, pour partie rattachée à l'arrondissement de Grasse du département des Alpes-Maritimes (la rive droite, qui prend officiellement le nom de Roquestéron-Grasse -avec accent !) et pour partie à celui de Puget-Théniers jusqu'à sa suppression en 1929 où Roquesteron-Puget (sans accent), chef-lieu de canton, est rattaché à l'arrondissement de Nice et devient Roquesteron (toujours sans accent !).